dimanche 3 avril 2011

La Chaîne

Une nouvelle écrite il y a de ça quelques mois pour me faire pardonner du retard sur mon blog...


La Chaîne

Brouillard sur la ville. Immeubles gris. Elle regarde par la fenêtre. A quoi ça sert ? Tout est aussi gris dedans que dehors. Comme sa tête. Sa tête est vide. Comme ses yeux. Elle ne regarde rien. Les gens parlent, elle ne les écoute pas. Ses mains n'essayent même plus de chercher une occupation. Elle veut partir, elle ne peut pas. Elle veut partir, mais où ? Le monde est gris, le monde est méchant. Elle veut redevenir un enfant. Alors elle ferme les yeux. Elle bouche ses oreilles. Elle se replie sur elle-même. Et elle imagine. Une prairie. Une prairie verdoyante. Une prairie verdoyante avec un cheval. Une prairie verdoyante avec un cheval qui galope. Une prairie...Plus elle rêve, plus elle déchante. Plus elle voit cette beauté, plus elle la compare à sa vie. Et elle sent. Que sa vie est moche. Qu'elle n'en a rien fait. A quoi bon ? Elle voudrait mourir. Elle y a déjà pensé. Comment ? Quitter sa maison, quitter sa famille. Ne plus revenir. Mais elle les voit, s'inquiéter, se torturer. Et elle pleure, elle pleure de penser des choses pareilles. Elle se maudit de se vouloir du mal, et par là, de leur vouloir du mal. Ils tiennent à elle, elle tient à eux. Mais elle est seule et elle pleure.
Les gens le voient. Ils arrêtent de parler. Et de bouger. Ils veulent savoir. Ils veulent comprendre. Avoir de quoi parler ce soir quand ils rentreront. Alors ils demandent. Elle ne répond pas et s'enfonce encore plus. Ils sont méchants, tout le monde est MÉCHANT. Elle a envie de leur jeter ça à la figure, vous êtes moches, vous ne savez rien de moi, alors partez ! Mais elle se retient, elle se retient si bien, si bien qu'ils se lassent et s'en vont. Mais au loin, elle croise le regard de quelqu'un. Quelqu'un qui ne lui a pas demandé pourquoi elle pleurait, pourquoi elle était seule, pourquoi elle se sentait mal. C'est une personne qui n'exprime pas de médiocre compassion. Qui se tait mais qui sait voir. Qui sait voir et qui sait soutenir. D'un seul regard il la relèvera, elle s'accrochera à lui et osera regarder le monde. Osera se regarder elle -même. Alors elle pourra revivre. Elle pourra revenir vers ceux à qui elle tient. Mais surtout, elle apprendra à faire ce regard. Ce regard qui dit je suis avec toi. Je connais ce que tu as vécu et regarde j'en suis sorti. Oublie-les, oublie ceux qui ruinent ce monde et rencontre, et découvre, ceux qui le soutiennent. Et quand elle aura appris ce regard qui dit tout ça sans dire un seul mot. Elle pourra. Elle aura le pouvoir, un des plus grands sous ce ciel gris ; le pouvoir d'aider. Aider ceux qui un jour se sentiront comme elle. Elle pourra aussi continuer cette formidable chaîne de solidarité.

J'espère qu'elle vous a plus et que vous ne l'avez pas trouvé trop déprimante malgré une fin un peu bisounours. Si ça peut m'excuser, il faisait gris, il pleuvait et je m'ennuyais quand tout d'un coup j'ai eu l'inspiration et je sais pas trop ce que ça donne !!

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